Conseiller d’affaires

Le Canada est en marche : le monde n’a qu’à bien se tenir!


Peter Hall
Vice-président et économiste en chef
Exportation et développement Canada

Avant 2009, ce titre aurait fait sourire, autant ici qu’à l’étranger. Mais aujourd’hui, il n’y a plus matière à rire. Les pays développés envient l’état de nos finances publiques, respectent nos institutions financières, sont impressionnés par notre croissance intérieure et considèrent avec jalousie l’abondance de nos ressources naturelles. Nombreux sont ceux qui se tournent vers le Canada pour trouver des solutions. Tout un virage! Nous sommes favorisés, il faut le reconnaître. Mais il y a plus – beaucoup plus.

Le fait n’est pas très connu, mais l’économie du Canada se transforme tranquillement – il pourrait bien s’agir de la plus importante évolution des dernières années. Dans une tentative de diversification, les entreprises canadiennes se tournent vers des pays moins connus et plus risqués. Et les résultats ne passent pas inaperçus.

Ces nouveaux marchés se caractérisent notamment par une croissance fulgurante. Les entreprises qui ont surfé sur cette vague d’effervescence ont vu à leur tour leur croissance monter en flèche, jusqu’à des niveaux inespérés. Et comme elles sont assez nombreuses, leur activité a propulsé les statistiques globales vers de nouveaux sommets.

Prenons l’exportation de nos produits dans le monde. Depuis dix ans, les échanges avec nos principaux partenaires piétinent, en partie à cause de la flambée du dollar canadien. Craintifs, les exportateurs canadiens se sont tournés vers les marchés émergents, où leurs exportations annuelles ont monté de 10 %, du jamais vu. De fait, les exportations vers ces économies sont passées de 4 % en 2000, au taux astronomique de 11 % en 2011. La récession mondiale a interrompu les échanges, mais en 2010 et 2011, l’activité reprenait déjà.

L’exportation des services a suivi à peu près la même évolution. Traditionnellement plus diversifiée que l’exportation des produits, et représentant 15 % des échanges en 2000, l’exportation des services vers les marchés émergents a devancé celle des produits pour atteindre 22 % en 2011. Contrairement à l’augmentation des exportations de produits, cette hausse a servi à rattraper la perte des parts de marché survenue à la fin des années 1990, mais les résultats récents et les schémas de la croissance mondiale laissent penser que la tendance actuelle pourrait se maintenir.

Par ailleurs, le déplacement vers les marchés émergents semble influer sur l’investissement du Canada à l’international. Bien entendu, la diversification n’est pas un concept nouveau pour ce qui est de l’investissement direct canadien à l’étranger (IDCE). En 2000, la moitié de l’IDCE visait les États-Unis, et une part de 28 %, les autres pays de l’OCDE. La dernière tranche de 22 % se destinait aux marchés émergents, soit un chiffre marquant. Mais la donne vient de changer : les États-Unis ont vu leur part fondre jusqu’à 40 %, alors que les marchés émergents accaparent 28 % de l’IDCE. Une tendance durable?

La réponse réside en partie dans un autre changement de taille. Nos exportateurs ne concluent plus uniquement leurs ventes depuis le Canada. De plus en plus, les ventes se font de l’étranger, si bien que celles qu’effectuent des filiales étrangères dépassent de beaucoup la valeur des exportations traditionnelles. Les États-Unis restent le premier choix des entreprises canadiennes pour établir leurs filiales, et celles-ci ont connu une croissance respectable au cours des dix dernières années. Mais, alors qu’auparavant 65 % des filiales étaient établies aux États-Unis, ce taux a chuté tout juste sous la barre des 50 %. Dans d’autres grands marchés, la proportion de filiales est restée stable ou a diminué. Qu’en est-il des économies émergentes? Leur part a bondi de 12 à 28 % depuis 2003. Aujourd’hui, les ventes des filiales établies dans les marchés émergents correspondent au double de la valeur des exportations globales.

Une fois tous les facteurs réunis, on voit bien l’ampleur du changement qui va dans le sens de la diversification des échanges canadiens. Depuis des générations, cette idée, qui a suscité bien des espoirs, est au cœur des débats du pays; elle se concrétise aujourd’hui, sans tambour ni trompette. Partout, les intervenants des grands secteurs, au Canada et dans les principaux marchés émergents, se joignent au mouvement. Tout en restant discret, le Canada part à la conquête du monde… et il en récolte les fruits.

La diversification est prometteuse pour le Canada. Au fil du temps, nos activités porteront davantage vers les régions à forte croissance, ce qui aura pour effet de stimuler notre potentiel économique. La bonne nouvelle? De nombreuses entreprises n’ont pas encore fait le saut. Lorsque ce sera le cas, la croissance ne pourra que s’accentuer. Malgré les données impressionnantes, la part qu’occupent les activités du Canada dans les marchés émergents est en baisse. Il suffirait donc de maintenir le rythme pour stimuler encore davantage la croissance.

Certaines entreprises canadiennes jouent les pionnières en investissant dans des marchés moins connus, mais lucratifs. Elles ouvrent la voie aux autres sociétés, qui n’auront qu’à suivre leurs traces. Le vrai défi sera peut-être d’arriver à gérer la croissance qui en découlera.

   

PeterHall\

     
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