Conseiller d’affaires Au cœur de l’innovation, les gens Inge Christensen En 2003, j’ai rédigé un article pour le National Post au sujet d’un mot à la mode : innovation. J’y faisais remarquer, données à l’appui, que même si les entreprises jugeaient l’innovation essentielle à leur survie, rares étaient celles qui joignaient le geste à la parole. Quatre ans plus tard, dans un sondage* sur l’innovation mené auprès de sociétés canadiennes, 88 % des cadres interrogés réitéraient que l’innovation était importante pour l’avenir de leur organisation. En revanche, seulement 22 % des répondants ont affirmé avoir établi un processus à cet égard et 33 % ont vanté l’efficacité de leur organisation à ce chapitre. Seulement 37 % ont dit comprendre le processus. Enfin, près de la moitié des dirigeants ont affirmé que, malgré la lenteur des progrès, leur entreprise encourageait l’innovation. De toute évidence, l’écart entre l’intention et l’action est énorme. Les raisons de cet état de choses sont complexes, mais un constat s’impose : l’innovation naît des idées, les idées jaillissent de l’esprit humain, donc l’innovation passe par l’être humain. La créativité est un talent individuel, et chaque personne décide si oui ou non elle mettra ce talent au service de son organisation en obéissant à ses propres sentiments. C’est cette dimension émotionnelle qui est venue brouiller la notion d’innovation, si bien qu’innover signifie désormais s’aventurer en eaux troubles. William Gordon, célèbre inventeur et fondateur de Synectics (une société-conseil mondiale en innovation) que j’ai eu l’occasion d’interviewer, a résumé les obstacles à l’innovation en entreprise en un mot : peur. Naturellement, la plupart des gens redoutent de s’aventurer en eaux troubles. Voici pourquoi :
Tandis que les employés attendent que leurs supérieurs écartent le danger pour leur permettre de plonger, les supérieurs, eux, doivent surmonter leurs propres peurs, décuplées par leur obligation de rendre des comptes. Certains essaient même de nager sans se mouiller, c’est-à-dire qu’ils gèrent le risque au point où il n’est plus possible d’innover. Alors, comment surmonte-t-on sa peur? Il faut se jeter à l’eau, tout simplement. Notons qu’il ne s’agit pas ici de plonger en profondeur. Commencez par faire trempette, puis continuez d’avancer. Rassemblez vos équipes et vos dirigeants et avancez ensemble. Il faut d’abord…
Nagez-vous à vos risques? Oui, mais il est aussi risqué de rester sur la rive les bras croisés. Un sondage réalisé en 2010** a révélé que, selon les cadres canadiens, l’innovation, la concurrence et les ressources humaines sont les trois grands enjeux auxquels devront faire face les entreprises au cours des trois prochaines années. Tous ces facteurs sont d’ailleurs reliés : afin d’attirer et de fidéliser des candidats créatifs qui contribueront à accroître l’avantage concurrentiel d’une entreprise, celle-ci doit présenter une culture novatrice. Et lorsque les plus ingénieux proposent de bonnes idées, il faut savoir maintenir leur motivation au lieu de leur demander de nager à contre-courant. L’être humain innove, et l’émotion humaine risque de freiner l’innovation. L’organisation qui accepte cette réalité et s’y adapte dispose des bases pour établir une culture innovatrice. Le secret? Communication, collaboration et empathie. Il faut inviter les employés à exprimer leurs idées et leur offrir un environnement sans danger et stimulant. Il suffit de leur dire : « Venez, il n’y a pas de danger » et d’être sincère. * Édition 2007 du sondage Business Pulse : A Survey of Corporate Canada réalisé par la Schulich School of Business (Université York). Cette édition portait sur l’innovation. ** Édition 2010 du même sondage. Le bulletin Conseiller d’affaires est publié par KPMG EntrepriseMC à l’intention des propriétaires et des dirigeants de sociétés fermées canadiennes, auxquelles KPMG Entreprise se consacre exclusivement. Pour en savoir plus sur les services qu’offre KPMG Entreprise à ces sociétés, consultez le site www.kpmg.ca/entreprise. |
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